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Un piège stratégique a été tendu aux Russes

Un piège stratégique a été tendu aux Russes

28.04.2011 — Analytique


La Russie est en train d'élaborer une nouvelle stratégie de développement. Certains repères de la future politique économique ont été annoncés lors de la VIIIème Conférence scientifique internationale à Ekaterinbourg. Les experts régionaux ont critiqué ce projet, déclarant que la société n'était pas prête à une réforme de la sphère sociale. Il a également semblé au correspondant de "RusBusinessNews" que les auteurs de la stratégie étaient extrèmement loin de la vie réelle dans la Russie profonde.

Le Recteur de l'Académie de l'économie nationale et de la fonction publique Vladimir Maou conjointement chargé, avec le Recteur de l'École supérieure d'économie, Yaroslav Kouzminov, de la rédaction de la stratégie de développement, a remarqué que la recherche d'un modèle du développement pour la Russie se faisait péniblement. Les auteurs du collectif font face à plus de questions que de réponses. Les scientifiques se sont heurtés à une tâche encore plus sérieuse que dans les années 80-90. A cette époque, affirme V. Maou, on savait à peu près ce qu'il fallait faire. La question se posait seulement de savoir qui assumerait la responsabilité et réaliserait l'ensemble des mesures standards afin d'éliminer l'acuité des problèmes sociaux. Mais aujourd'hui les chercheurs ont des difficultés à choisir le modèle économique qui assurera une croissance stable au pays.

Selon Yaroslav Kouzminov, les architectes de la stratégie de développement se heurtent à divers limites. Les propositions des "politiques de gauche" d'augmenter les dépenses sociales pourraient conduire au crash du budget, alors que leur réduction, sur laquelle insiste la "droite", pourrait rompre la stabilité sociale, la plupart des Russes étant très éloignés du niveau de vie standard de la "classe moyenne". Néanmoins, les experts proposent comme alternative de reporter une partie du financement de la médecine sur les épaules de la population et de légaliser les services payants dans les établissements d'éducation.

D'après Y. Kouzminov, la Russie a conservé une structure soviétique en ce qui concerne la santé publique, l'enseignement, et le système de retraites. En présence des anciennes obligations sociales et de la croissance des exigences de qualité des services du côté d'une classe moyenne, qui en URSS n'existait pas et qui maintenant constitue plus de 20 % de la population du pays, le budget ne peut pas venir à bout des obligations de l'État.

Le fait qu'en Russie la quantité de diplomés ayant reçu un diplôme d'études supérieures ait formellement augmenté ne plaît pas non plus au Recteur de l'Ecole supérieure d'économie. Maintenant 56 % des Russes entre 30-35 ans ont suivi une formation supérieure, tandis qu'aux États-Unis seulement 40 %. Ces belles statistiques sont créées pour l'essentiel aux dépends des étudiants qui étudient sur une base payante. Les droits d'inscription sont parfois symboliques: entre 25 et 30 mille roubles par an. Or, selon Yaroslav Kouzminov, à un tel prix on ne peut pas recevoir une formation de qualité. Cependant il n'est pas non plus possible d'augmenter les tarifs : de nombreux Russes rassemblent leurs derniers kopecks pour payer l'enseignement supérieur à leurs enfants, raison pour laquelle les experts proposent simplement de fermer les écoles supérieures non rentables ou de les transformer en Collège d'enseignement géneral et professionnel.

Les participants du forum économique d'Ekaterinbourg ont perçu les paroles d'Y. Kouzminov comme une volonté de l'État de limiter l'accès pour la plupart des Russes à l'enseignement supérieur et au traitement médical de qualité. Le Directeur de l'Institut d'économie du Département de l'Académie des Sciences dans la région Oural, Alexandre Tatarkine, n'est pas d'accord avec Y. Kouzminov. D'après lui, les Russes vivant dans les endroits retirés ne sont, pour l'instant, pas prêts à payer pour l'enseignement et pour les traitements médicaux : leurs revenus sont trop vraiment trop différents de ceux des Moscovites et, surtout, de ceux des Américains. C'est pourquoi le cofinancement de la sphère sociale par la population ne serait possible que si le niveau de vie dans les régions augmentait de façon singulière.

Le chercheur ne comprend pas comment on peut parler de développement de l'innovation dans le pays et simultanément réduire la quantité d'établissements d'enseignement supérieur. La théorie selon laquelle une très grande quantité Russes feraient des études supérieures, est, selon lui, erronée: le Japon, par exemple, a adopté une loi pour la mise en place d'un enseignement supérieur général. Plusieurs Etats européens se préparent à une augmentation analogue. Or, les experts proposent aux Russes d'aller dans le sens inverse. A. Tatarkine est convaincu que cela pourrait conduire le pays à entrer dans un piège, et que la population reviendrait à l'ordre primitif.

Le Ministre de l'Industrie et des Sciences de la région de Sverdlovsk, Alexandre Petrov, est étonné du fait que dans le modèle de stratégie de développement présenté, pas un mot n'ait été dit sur l'industrie. Les experts, suppose-t-il, s'imaginent mal ce qui se passe dans la Russie profonde. Dans les petites villes, l'industrie a été coupée à la source, en conséquence de quoi, les spécialistes sont aujourd'hui obligés d'aller trouver du travail de nombreux kilomètres de leur lieu d'habitation. A. Petrov est persuadé que si on ne réussit pas à relever ce secteur réel de l'économie, il est absurde de parler de médecine payante et d'enseignement supérieur.

Les banquiers qui ont pris part à la discussion sur les diverses stratégies de développement ont déclaré que l'industrie était étranglée par les pouvoirs financiers du pays. La Banque centrale russe, après la mort d'Andreï Kozlov, le premier vice-Président du Conseil d'administration, a abandonné les tentatives de compréhension des structures criminelles bancaires, se limitant seulement à l'introduction de procédures rigides pour le financement par crédit. Finalement, l'argent s'enfonce dans les institutions de crédit et n'est pas réinvesti dans l'industrie. Les banquiers disent ouvertement que si on ne réussit pas à percer ce caillot, rien ne changera dans l'économie russe.

Alexandre Tatarkine doute que l'élite actuelle russe veuille réellement changer les choses. Un sondage à Krasnoïarsk lors du forum économique a montré que 70 % de ses participants - et pas les derniers dans le business, le pouvoir et les sciences - ne comprennent pas ce que veut le Kremlin en appelant à la modernisation. Presque la moitié de l'élite russe n'est pas prête à y participer, retardant l'adoption des lois nécessaires.

Vladimir Maou a noté que "l'économie du pipeline", c'est-à-dire celle fondée sur les revenus de la vente de pétrole et de gaz, n'a pas besoin d'une grande quantité de gens formés. On peut acheter les quelques spécialistes nécessaires à l'Occident. C'est, en particulier, cela qui définit le comportement de la classe dirigeante russe : elle vit à l'étranger tout en ayant son business en Russie, s'achète pour elle-même des médecins personnels et des professeurs, et, d'une manière générale, s'inquiète peu de l'état national de la médecine et de l'enseignement, sans même parler des revenus des Russes. La logique de ces gens est claire, mais l'implémentation de leurs modes de vie, reconnaît V. Maou, conduit à la dégradation du pays.

L'ex-Gouverneur de la région de Sverdlovsk Edouard Rossel ne se nourrit pas d'illusions quant au fait qu'on réussisse vite à changer cette "économie de pipeline". Selon lui, le pays récolte aujourd'hui les fruits la politique qu'il a semée dans les 90 années, quand aucune décision pour protéger le marché national n'avait été mise en oeuvre. Les entreprises étrangères ont commencé à dominer en Russie, et il est aujourd'hui impossible aux Russes de s'y frayer un passage : les corporations internationales dépensent un argent immense pour la publicité, pour l'encouragement matériel des experts russes et des spécialistes de branche, et essentiellement pour corrompre les structures d'État. Comme l'affirme E. Rossel, les fonctionnaires sont corrompus à tous les niveaux du pouvoir, et tant que ces gens détiendront le pouvoir, ils feront tout pour ne pas réaliser de programme pour la modernisation de l'économie.

Vladimir Terletsky

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