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La commande militaire étatique de la discorde

La commande militaire étatique de la discorde

29.02.2012 — Analytique


En février 2012, le Ministère de la Défense russe a versé au complexe militaro-industriel deux fois plus de moyens financiers que l'année précédente. Certains fonctionnaires se sont empressés de déclarer que le plan de livraisons d'armement et d'équipement militaire serait réalisé dans les délais cette année. Mais les experts sont moins optimistes : selon eux, la formation opaque des prix et le financement irrégulier du secteur, qui ont conduit à stopper les commandes d'État pour la défense en 2011, vont continuer. Comme nous le montre le correspondant de "RusBusinessNews", le Ministère de la Défense continue à imposer aux producteurs des accords asservissants.

Le vice-Président du gouvernement russe, Dmitri Rogozine a déclaré, lors des audiences parlementaires au Conseil de la Fédération, que d'ici à 2020 la compétitivité du complexe militaro-industriel russe augmenterait sensiblement. D'après lui, la vitesse de la croissance économique dans le domaine de la défense serait considérablement plus élevée que celle qu'on trouve dans l'industrie en général. Ce phénomène serait également favorisé par le financement plus régulier des commandes étatiques pour la Défense : si, lors des deux premiers mois de 2011, le Ministère de la Défense a octroyé un peu plus de 100 milliards de roubles au secteur, aujourd'hui, soit à la mi-février 2012, deux fois plus de moyens financiers ont déjà été versés aux entreprises du complexe. Le Vice Premier Ministre n'a aucun doute sur le fait que l'industrie vienne à bout de la commande d'État cette année.

Le Directeur général de l'Union des entreprises des industries du secteur de la Défense de la région de Sverdlovsk, Vladimir Chtchelokov, a indiqué à "RusBusinessNews" que 70 entreprises de la région ont déjà conclu des contrats, mais que seulement très peu d'entre elles ont reçu l'entier volume de la commande de l'Etat. Il faut de plus garder à l'esprit que beaucoup de ces organisations effectuent des livraisons pour le Ministère de la Défense, mais n'entrent pas pour autant dans la liste des principales entreprises du secteur de la Défense et de l'industrie de la région de Sverdlovsk. Le Département militaire a toutefois promis de régulariser définitivement ses commandes en avril prochain.

Avec les entrées d'argent dans l'industrie les choses se sont effectivement améliorées, mais le Ministère de la Défense n'accomplit pas son obligation de transférer 80 % des moyens du volume de la commande dans le délai de cinq jours après la signature du contrat. Le problème principal, selon V. Chtchelokov, réside dans la mise en place d'une coopération efficace. Les entreprises envoient aux militaires leurs propositions quant au prix de la production, puis des mois passent avant qu'ils n'obtiennent une réponse.

Selon Igor Barinov, membre du Comité de la Douma nationale en charge du secteur de la Défense, il existe de nombreuses raisons au problème du financement irrégulier des entreprises du secteur et au manque de volonté du Ministère de la Défense d'acheter l'armement et l'équipement militaire aux prix fixés par les industriels. Pendant trop longtemps, l'Etat n'a pas investi dans le complexe militaire, raison pour laquelle l'armement et l'équipement militaire russe sont aujourd'hui fortement dépassés en ce qui concerne leurs caractéristiques stratégiques et techniques par rapport aux standards mondiaux modernes.

En outre, les entreprises utilisent leurs modestes moyens financiers de façon très inefficace. Par exemple, la SA "Kourganmachzavod" qui entre dans le consortium "Usines de tracteurs", dépensait les moyens reçus du budget en premier lieu pour les besoins de la holding. En conséquence, il ne restait plus d'argent à l'entreprise de Kourgan pour l'élaboration des nouveaux véhicules blindés de combat d'infanterie que l'armée attendait. Au final, l'entreprise a donc eu à faire face à des problèmes avec la réception de la commande étatique dans le domaine de la Défense.

De plus, d'après I. Barinov, en 2011 la commande militaire de l'Etat n'aurait pas été remplie en raison du fait que dans la formation des prix sur la production militaire régnaient les bacchanales. Selon lui, il serait nécessaire de mettre un terme à l'augmentation des prix de l'armement qui se voient multipliés d'année en année.

Le Conseiller du Directeur général de l'entreprise publique "Rostechnology", également premier vice-président du Comité de l'industrie de la Douma russe, Vladimir Goutenev n'a pas remarqué une augmentation significative du prix de la production militaire. D'après lui, on peut observer une tendance radicalement inverse dans le secteur de la Défense car le Ministère de la Défense baisserait les prix dans des buts stratégiques. Goutenev ne nie pas qu'il se pourrait que les industriels soient eux-mêmes en partie responsable de la situation, ayant accepté de travailler sans bénéfices en 2009 pendant la crise. Or, cette pratique s'est révélée vicieuse car elle a conduit à stopper les commandes militaires étatiques. A titre d'exemple, la "Corporation unie de construction navale" n'a pas pu mettre en place des prix raisonnables, et risque de se heurter bientôt à "la révolte" de ses fournisseurs qui ne souhaitent pas travailler selon les tarifs fixés. Ces dernières années les sociétés mères ont dû réellement tordre le cou aux fabricants des pièces d'assemblage, qui n'étaient pas du tout intéressés par la commande militaire "bon marché" de l'Etat. C'est pourquoi l'expert s'imagine mal la manière dont le gouvernement pourra inciter les structures privées commerciales à exécuter des contrats militaires avec une politique de prix aussi bas, ce qui a d'ailleurs plus d'une fois été dénoncé par certains hauts fonctionnaires du pays.

Les subventions de l'État pour le remboursement des taux de crédits reçus pour la réalisation de l'activité principale soulèvent aussi des questions chez les entreprises de la Défense. Les producteurs pensent que la branche a droit à une telle forme de soutien, mais qu'elle doit être aidée par des banques nationales par le biais de prêts à taux très bas.

Vladimir Goutenev affirme que le Ministère de la Défense russe, contrairement aux indications du Premier Ministre Vladimir Poutine, continue à appliquer son ancienne idéologie relativement à la conclusion des accords : un coût minimal d'exécution de la commande pour une responsabilité maximum des entreprises. Les amendes léonines en cas de mauvais fonctionnement des équipements livrés, ainsi que les exigences extrêmement lourdes pesant sur les fabricants, ne justifie en rien, selon les producteurs, le fait que soient arbitrairement imposés aux industriels des bas prix sur l'armement et les équipements militaires. Les experts sont persuadés que sans responsabilité égalitaire du client et de l'exécutant et des prix équitables pour la production militaire, les commandes de l'Etat dans le secteur de la Défense continueront, chaque année, à ne tenir qu'à un fil.

Vladimir Terletsky

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