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Une place au cimetière est déjà prête pour les trains électriques russes

Une place au cimetière est déjà prête pour les trains électriques russes

13.12.2010 — Analytique


En 2011, les Russes pourraient voir disparaître leurs trains électriques ("elektritshka"). Les compagnies de transports ferroviaires suburbains créées par la S.A. "Chemins de fer russes" (RZHD) refusent de transporter les voyageurs, cela engendrant des pertes considérables sur le plan financier. Les transporteurs exigent un soutien budgétaire de la part des régions. Selon les experts, la politique de RZHD repose sur du chantage pur et simple. D'après leurs déclarations au correspondant de "RusBusinessNews", en se déchargeant de toute responsabilité au regard des trains électriques, la compagnie de type monopoliste agit dans les intérêts de ses "filiales" de transport de marchandises.

Ils ont divisé - se sont amusés, ont calculé - puis ont répandu quelques larmes

L'idée de confier les transports de banlieue à une direction séparée constitue une partie de la réforme progressive des transports ferroviaires élaborée par RZHD. À la fin de 2010, la compagnie monopoliste a créé 18 filiales - compagnies de transport suburbains de voyageurs (PPK) dans les régions. L'année suivante, leur quantité devrait augmenter pour atteindre le nombre de 26. Parmi les fondateurs de ces PPK, on trouve également les autorités régionales qui en ont reçu près de 49% des actions. Leurs fonctions consistent à former des itinéraires et à compenser des pertes subies par transporteurs.

Les transports de banlieue en Russie, comme partout dans le monde, sont déficitaires. Les tarifs dans ces transports sont fixés par l'État et couvrent seulement une partie des dépenses ferroviaires (de 5 à 90%). "De 2007 à 2009, les pertes totales des PPK sont passées de 27,7 à 32 milliards de roubles. Entre 2010 et 2012 ce"déficit "pourrait atteindre 108 milliards de roubles", - a déclaré le chef de l'Agence fédérale des transports ferroviaires, Guennady Petrakov.

Les autorités de la plupart des régions refusent de s'acquitter de leurs obligations financières auprès de RZHD. En 2010, seules trois régions ont presque entièrement compensé ces pertes: l'Altaï, l'oblast de Tioumen et de celui de Kémérovo. Onze régions n'ont pas alloué un kopeck aux lignes ferroviaires suburbaines (notamment la région de Kourgan). Dans seizes territoires, le montant de la compensation n'a pas excédé 5%.

Jusqu'ici, la Compagnie des chemins de fer russes était obligée de subventionner les trains suburbains aux dépends des recettes issues de l'acheminement des marchandises. Après la création en 2010 de la S.A. "Deuxième compagnie de transport de marchandises" (VGK) la compagnie monopoliste devrait cesser de pomper les moyens financier de l'ensemble du transport de marchandises pour les attribuer au transport de voyageurs. Les régions soutiennent à RZHD que sans le "soutien de sponsors", les trains électriques ne pourront tout simplement pas survivre. Les 25 milliards de roubles que les pouvoirs fédéraux promettent en 2011 suffiront seulement à compenser près de la moitié des pertes. Pour ne pas entrer dans le rouge, la compagnie de type monopoliste a sérieusement l'intention de réduire le nombre de trains de banlieue dès le début de l'année prochaine. Et cela n'est pas du bluff.

En novembre 2008, en raison de l'absence de soutien budgétaire, 40 trains ont été supprimés d'un coup dans la région de Sverdlovsk, et en février 2009 encore 55 (soit 25% du nombre total). Selon les informations apportées par la Compagnie des trains suburbains de la région de Sverdlovsk (SPK), ce sont les itinéraires à faible population et les directions ayant un réseau d'autobus bien développé qui en ont subi les conséquences. Cependant, dans cette liste noire ce n'est pas "par hasard" se sont retrouvés les trains de banlieues populaires.

Le nouveau gouverneur de la région de Sverdlovsk, ancien employé des chemins de fer, Alexandre Micharine, n'a pas laissé ses ancien collègues sans un bout du camembert budgétaire. Pendant la première année de son arrivée au pouvoir, le Trésor de la région a compensé la moitié des pertes de SPK, et pour l'année prochaine, une compensation 100% est prévue, et ce, bien que le budget moyen de 2011 est déjà au bord de l'explosion.

Une arithmétique de mouton

Les autorités des régions "inconscientes" insistent sur le manque de moyens et considèrent la politique de RZHD comme du chantage pur et simple. "Nous arrivons péniblement à combler les dépenses pour les autobus. En prenant compte le fait que dans le noeud de transport de Moscou sont concentrés près de 40% de tous les transports ferroviaires de banlieue de Russie, les dépenses supplémentaires s'éleveront à des dizaines des milliards de roubles. "L'augmentation des tarifs deviendra la seule porte de sortie", - a déclaré le Ministre des transports de la région de Moscou, Alexandre Mitoussov. Mis à part les chiffres : dans la banlieue de Moscou le prix des transports vers les zones périburbaines est très élevé par rapport au niveau des provinces russes, et par conséquent les pertes des chemins de fer sont minimes.

Mais il existe un autre point important provoquant la protestation des autorités régionales: l'absence de méthode transparente de calcul des recettes et les dépenses des PPK, et, par conséquent de définition des pertes financières. D'après l'analyste de l'Institut des recherche sur problèmes des monopoles naturels Evgueni Alekseïev, la Compagnie russe des chemins de fer demande les compensations tout à fait fondées, mais même les régions qui sont prêtes à payer ne sont souvent pas d'accord avec les calculs qui leurs sont présentés. En Europe les dépenses reflètent la quantité de voyageurs dans les trains électriques, аlors qu'en Russie on pratique un approche "arithmétique moyenne". Ainsi, en Italie ou en France, les cheminots recoivent des compensations pour la quantité de voyageurs réellement transportés, аlors qu'en Russie on peut "déplacer de l'air" dans les wagons et ensuite exiger le paiement des frais engagés.

Selon l'adjoint au chef du Département en charge des transports et des voies de communication de Moscou, Vladimir Michanine, le fond-même de la réforme n'est pas bon. "Pourquoi la compagnie RZHD a-t-elle créé des compagnies de transport de voyageurs avec un capital statutaire de seulement 100 000 roubles, tout en les privant du matériel roulant et des infrastructures nécessaires? La compagnie monopoliste s'est délivré de ses actifs déficitaires et s'est jeté au cou des régions", - s'indigne-t-il. Le fonctionnaire se rappelle la façon dont s'est déroulée la privatisation de l'aviation : les aéroports ont obtenus de nouvelles structures avec toute l'infrastructure et les équipements nécessaires. Il serait parfaitement logique que les droits de propriété sur les gares, les quais, les terrains, soit transférés aux PPK, ce qui leur permettrait de compenser une partie de leurs dépenses.

Le responsable du laboratoire de l'Institut de prévision économique de l'Académie des Sciences russe Youry Chtcherbanine est d'accord avec l'idée que la situation présente constitue le résultat des conséquences non prévues de la réforme. D'après lui, le système des transports qui existait depuis l'époque du Ministère des voies de communication de l'URSS, fonctionnait assez bien. "Personne n'a prouvé qu'il était mauvais de subventionner les trains de banlieue au dépend des transports de marchandises. Par exemple, les compagnies de gaz et de pétrole sont obligées de soutenir les travaux de prospection et de recherche géologique alors même que ces derniers ne sont pas rentables. Et il ne vient à l'idée de personne de les abandonner", - souligne-t-il.

Les opérateurs privés de transport de marchandises sont certains que l'explication est simple. "Derrière les prétentions apparemment logiques de RZHD à l'adresse des régions se cache tout simplement de la mauvaise volonté de la part des "filiales" de transport de marchandises qui ne sont pas prêtes à partager leurs recettes. Aujourd'hui, transporter un mouton est plus avantageux que de transporter une personne. Les gens qui dirigent la Première compagnie et la Deuxième compagnie de transport de marchandises, poursuivent le seul but de se remplir les poches. Bien qu'ils aient les moyens de subventionner les transports de banlieue, leurs prix sont plus élevés que ceux de RZHD, et ils gagnent plus que leur société mère", - souligne le représentant de l'une des Compagnies de transport de l'Oural au cours d'une conversation avec le correspondant de "RusBusinessNews".

À pied sur les rails

La réforme des transports de banlieue ne se limite pas à la création des PPK et à la recherche de subventions des budgets régionaux. D'ici 5 à 7 ans, la S.A. "Chemins de fer russes" a l'intention de vendre les blocs de contrôle de ses filiales de transport périurbain à des investisseurs privés. Dans l'idée des penseurs de la réforme, cela permettrait le développement d'une vraie compétition sur le marché au profit des voyageurs et de la qualité des transports. La concurrence permettrait de trouver un équilibre entre les frais des transporteurs et les prix des billets.

Les experts font la conclusion opposée. D'après Youri Chtcherbanine, la concurrence réelle dans la sphère des monopoles naturels est une utopie. L'exemple flagrant est celui de l'énergie électrique. Les entrepreuneurs privés aspireront à tirer un bénéfice maximum et immédiat en augmentant les tarifs des transports. Il est peu probable qu'ils veuillent investir dans la modernisation de cette branche. "Personne n'a réfléchi à ce que sera le transport de banlieue dans 20 à 30 ans et qui s'occupera des recherche et des élaborations technologiques dans cette sphère. Seul l'Etat pourrait réaliser une tâche si importante", - affirme-t-il. C'est pourquoi la plupart des Etats européens ont refusé l'idée d'une privatisation complète des trains suburbains : là-bas, la plupart des transports locaux est contrôlée là par les structures de l'État.

A ce propos, en automne 2010 a été créé en Russie le premier transporteur privé suburbain, l'OOO "Permsky express" (PE). Dans un premier temps, la compagnie devrait louer le matériel roulant à RZHD, puis pourrait le racheter. Comme le représentant du Ministère de l'urbanisme et du développement de l'infrastructure de la région de Perm l'a déclaré à "RusBusinessNews", "Permsky express" et la "filiale" de RZHD en charge des transports suburbain lutteront conjointement pour obtenir des subventions budgétaires pour l'année 2011. "Nous aspirons à la minimisation des dépenses budgétaires, c'est pourquoi par la suite seule la compagnie la plus rentable reçevra des subventions", - souligne le département.

Selon les experts, le transporteur privé ne devrait pouvoir faire des économies que sur les frais de gestion et en luttant efficacement contre les "fraudeurs". "Ce dernier point aura probablement un effet très limité. C'est pourquoi l'apparition de la compagnie "PE" reste pour moi une énigme", - remarque Evgueny Alekseïev.

Les analystes sont plutôt pessimistes. Ils sont persuadés que le futur des trains électriques russes est triste comme un cimetière. En Lettonie, par exemple, à la suite de la privatisation, les voies de communications suburbaines sont pratiquement mortes. Il n'est pas exclu que dès 2011 les russes doivent, au mieux, se déplacer en autobus - ce qui leur reviendra plus cher - et, au pire, qu'ils soient obligés de réduire au minimum le nombre de leurs déplacement inter-régionaux.

Marina Sirina

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